Le pouvoir personnel

Ce terme de "pouvoir personnel", qui nous vient de la Tradition toltèque, fait écho ici à celui de "pouvoir créateur" qui était précédemment associé à la Lettre Yod. Yod et Kaph étant reliés par le symbole de la Main, il semble logique que le concept de Pouvoir relie également ces deux Arcanes.

Une connotation négative est pourtant le plus souvent associée à cette notion de "pouvoir" ; il s'agit cependant d'une "confusion entre les plans" pour reprendre une expression chère à Jean Haab (Gnose), qui est le propre, logiquement, du mésotérisme, tel que défini cette fois par Boris Mouravieff (Gnôsis).

En réalité, c'est le dérivé Puissance qu'il s'agit d'entendre ici, comme la main est synonyme pour l'Homme de puissance, associée à l'outil ou à l'arme. C'est aussi cette même puissance qui est associée à la sagesse dans le nom même de "druide" (littéralement "puissant-sage" - dru-wid) ; sûrement pour nous rappeler leur nécessaire complémentarité, au passage !

Dans le druidisme justement, cette puissance ne fait pas référence à une quelconque déférence qu'il s'agirait d'éprouver en présence de son "imminence le druide" ; c'est bien même tout le contraire dont il s'agit justement, car cette puissance en question est l'attribut que doit acquérir le druide - s'il se dit initié - à la suite de l'accumulation d'une Sapience, mise en pratique.

Autrement dit, dans l'esprit du druidisme, ce n'est pas le titre qui importe, mais bien l'efficience - en terme de savoir-faire - dont doit s'accompagner l'état d'initié. 

Comme l'enseignait don Juan à Castaneda par ailleurs, "le pouvoir repose sur le genre de savoir que l'on possède" et "il n'y a rien de plus terrible que d'imaginer un homme privé de connaissance". Il ne s'agit donc pas non plus d'engranger sans cesse des connaissances qui ne déboucheraient par sur l'acquisition d'un savoir-faire d'une part, d'un savoir-être d'autre part. Mais il ne s'agit définitivement pas non plus de passer outre la Quête de savoir qui accompagne cependant tout apprentissage !

Il y a également souvent une confusion des plans entre les notions de connaissance et de savoir, la première étant en fait le second, mis en pratique puis finalement intégré. Cependant, si cette précision est importante pour ne pas confondre encyclo-pédisme -stérile- et "savoir utile", il ne s'agit pas non plus de renier la Quête de Vérité ! qui passe nécessairement par l'acquisition d'une Méthode et d'une rigueur intellectuelle qu'il s'agit d'entraîner...

Dernière confusion des plans à éviter il nous semble, celle entre Sentiment et Raison. Trop souvent là encore, l'Intellect est mis à mal dans une quête éperdue de la préséance du "Cœur", avant tout... Mais de quel cœur parlons-nous ? Ne serait-ce pas là, le plus souvent, du sentimentalisme mal placé..? ou encore un excès d'humidité -d'affects- lorsqu'on sait que l'Initiation est Feu ! 

Ceci dit, n'oublions pas non plus qu'une chaleur peut devenir bien vite étouffante et pesante lorsqu'un souffle d'Air - entendre de légèreté - ne rafraîchit pas l'atmosphère... N'oublions pas non plus à quel point l'ancrage au sol - à la Terre - est le préalable à toute élévation vers la lumière du Soleil !

Ces trois confusions à éviter, revenons maintenant au concept de pouvoir personnel tel que défini par la Tradition dont il est issu. Pour les Toltèques, "tout est question d'énergie", la suite en découlant naturellement. Or, si chaque nuit (chaque Hiver) nous recharge, il semblerait bien que nous soyons de vrais paniers percés en la matière !

Annick de Souzenelle (Le symbolisme du corps humain) parlera d'une fuite à un niveau horizontal ; symboliquement la sève se répand au sol, elle ne monte pas le long du tronc et finalement, l'arbre de vie que nous sommes en puissance, ne porte pas Fruits. 

Don Juan dira les choses plus crûment... mais l'idée reste la même : nous nous dispersons dans une multitude de "faires" sans importance, plutôt que de nous concentrer sur la seule chose qui vaille selon les Toltèques - ou les Druides - c'est-à-dire la Quête de la Liberté qui nécessite avant tout d'accumuler de l'énergie, donc.

Quelle est la nature de cette énergie pour finir, dont l'Œuvre a besoin ? 

Ce pouvoir personnel, il ne s'agit pas d'une manne céleste... de celle qui inspire... mais il s'agit de la force vitale, la Nwyfre des Celtes, qui irrigue nos corps en permanence, leur apportant santé et énergie. Elle peut cependant varier considérablement en force et en intensité. C'est le Prana des Hindous, le Chi des Taoïstes, la Baraka des Soufis, etc. Plus récemment, il s'agit de la Force de la saga Star Wars...

Malgré ces nombreuses mentions et de par sa nature même -matérielle et immatérielle- il est pourtant bien difficile de définir clairement ce qu'est cette force que la Tradition toltèque nous enjoint si fortement à épargner. On peut juste affirmer que sur le plan matériel, elle est à la fois énergie bioélectrique et biomagnétique, et que sur le plan spirituel, elle affecte notamment la libido. Sur un plan plus large, la Nwyfre est comme une essence subtile qui irrigue la Nature toute entière, présente aussi bien dans les roches et les cristaux que dans les arbres, les plantes et les animaux, et bien entendu dans l'être humain.

Bien difficile à définir avec des mots certes, mais pour l'initié qui sait l'accumuler - et cela n'est pas exempt de choix tranchés - elle est en revanche facilement reconnaissable, comme l'action de l'électricité lorsqu'elle allume une ampoule par exemple. Ces choix - certains parleront de sacrifices - ne doivent cependant pas, il nous semble, provenir de notre volonté volontaire (cela serait forcer un processus, la 11ème Lame du Tarot nous enseigne autre chose...) mais bien découler naturellement d'un processus, qui démarre avant tout par un enthousiasme, régulièrement nourri, devant l'immense Mystère qui nous fait face, quotidiennement.

L'un des effets clairement reconnaissable de cette accumulation de pouvoir personnel, c'est le fait de se sentir suivre un rythme, normalement imperceptible, au sein de notre quotidien ; cela, et le fait qu'une impeccabilité, une beauté et une justesse se dégagent de nos actes et de notre être. 

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