Lettre double
Valeur numérique : 80
Valeur pleine : 81
Sens : oralité créatrice
Planète : Vénus
Tarot : les Etoiles
Séphirah : Hesed


L'idéogramme primitif de cette Lettre dessine des lèvres closes, puis la bouche () s'est ouverte et nous pouvons y voir un Yod. C'est pourquoi le sens associé à Pé est l'oralité créatrice.

Le Yod en son sein nous révèle que la Parole est créatrice, et par parole, il s'agit d'entendre le Verbe dans son sens large. C'est-à-dire aussi bien la pensée, la parole que l'écrit. Et peut-être même plus généralement, tout ce qu'un être émet de vibrations.

Or Vénus qui est associée à cette Lettre ou encore HeSeD qu'elle informe, nous enjoindraient plutôt à la douceur concernant nos émissions...

Si la tradition judéo chrétienne est toute tournée vers l'incarnation et la puissance du Verbe (les 10 Paroles lors de la Genèse ou "le Verbe s'est fait chair" en référence au Christ) et si toutes les cosmogonies soulignent l'origine vibratoire du Monde et l'aspect créateur de la parole des dieux, la tradition toltèque en fait son "premier Accord".

"Que ta Parole soit impeccable". Et remarquons tout de suite que l'impeccabilité en question fait étrangement écho à la Séphirah Gebourah, qui fait face à Hesed ; Gébourah à laquelle nous associons Saturne, Zayin & Âyin, et l'art du Guerrier...

HeSeD fait le lien entre "la tête" et le "corps" de l'Arbre séfirotique. C'est par ce canal que symboliquement, "l'Esprit descend" en soi. Et il s'agit alors d'être tout oreille... (Shemâ Israel !) Puis il s'agit ensuite de précisément canaliser ce qui descend.

La tradition toltèque insiste particulièrement sur le Rêve de l'époque ou le Rêve que tout un chacun élabore et assemble. Nous créons ainsi à la fois notre enfer et notre paradis, selon les décrets et autres accords que nous scellons par nos émissions. L'être est tout d'abord inséminé par les divers conditionnements qu'il reçoit lors de son enfance ; il élabore (ou intègre) également une multitude d'accords lui permettant de trouver un
équilibre plus ou moins chancelant dans le chaos de ses blessures d'enfances et autres blessures narcissiques de l'adolescence.

Ensuite, tout dépendra du choix qu'il réalisera, entre inconscience et conscience, passivité et activité... Entre continuer à être un automate jusqu'à son dernier souffle (dans ce cas, le notion de Karma prend toute sa puissance) ou commencer à être un témoin.

Et pour commencer, être témoin de ses propres émissions et de ce qu'elles révèlent. L'initié découvre alors la multitude d'influences, passées et présentes, qui l'assaillent sans cesse, qu'il maintient également sans cesse, de par ses propres émissions (les toltèques parleront de l'histoire personnelle, sans cesse répétée à toute occasion, d'une manière ou d'une autre).

Inversement (ce que la Qabale enjoint, nous l'avons vu avec le Pendu), il y a un aspect libérant propre au Verbe. La possibilité de défaire des accords et d'en assembler de nouveaux. Ce jeu (qui se révèle ardu à l'usage, tans la coercition collective - et la sienne propre ! - sont puissantes) consiste à "redéployer son tonal" pour en revenir à la tradition toltèque. C'est-à-dire à élaborer son propre rêve et réussir à le maintenir... 


*****

Un autre aspect de Pé nous semble être de dévoiler le Yod présent dans toute émission. Parfois, l'être fait l'expérience d'entendre un mot différemment, comme si le mot en question se dévoilait pour exprimer son essence. C'est littéralement comme si le mot s'ouvrait... comme si un bandeau tombait. 

Et ce qui est vrai pour les mots peut se généraliser avec "tout ce qui est devant soi". Pé nous rappelle que la Création est ensemencée, dans le sens où la Matière recèle un secret... Il se dévoile devant l'être lucide (Gebourah) et à l'écoute (HeSeD), par le travail même de dévoilement qu'il réalise en premier lieu en lui-même. C'est tout le propos de l'Alchimie !

la Lucidité

La lucidité est le concept associé au 16ème Arcane. A ce propos, l'expression "un éclair de lucidité" fait étrangement écho à la Lame de la Maison-Dieu.

La lucidité... comme un couperet que propose GeBouRaH en montée, au pèlerin...

Quelque chose nous a frappé aux yeux concernant cette Séphirah, c'est la présence du Tranchant dans les deux Lettres qui l'informent : Zayin et Âyin (notons la consonnance également).


C'est comme si en descente, l'aspirant ne fait qu'entrevoir l'Epée, tandis qu'en montée, il lui est demandé de l'incorporer... autrement dit de ne plus seulement aspirer ou fantasmer l'état du Guerrier, mais le devenir sans plus de tergiversations (mentales !)

Dans l'ascension que nous propose le Capricorne, il semblerait par ailleurs que ce Tranchant se doit de servir à ce stade du chemin, dans un élagage en règle et sans plus de tiédeur. Sans quoi la Montagne ne nous laissera pas passer...

C'est comme si Gebourah jouait le rôle d'un implacable clapet, clapet qui ne répondra qu'à l'acte...

Le propos même du pèlerin est de peler ses différentes couches, à l'automne d'abandonner ce qui n'est plus nécessaire. Et cela dans un double-mouvement qu'affectionne l'Arbre, aussi bien intérieurement qu'extérieurement.

Il y a un moment où l'on pressent peut-être qu'il n'y a jamais eu qu'un seul pas à réaliser sur la Voie, le premier... et qu'on ne l'a pas encore effectué !

Le pèlerin a pourtant appris à retourner son point de vue lors de sa rencontre avec le Pendu, mais tel le fœtus dans le ventre matriciel, se retourner à 6 mois ne suffit pas, il s'agit de sortir concrètement à l'air libre 3 mois plus tard !

La lucidité donc... celle que nous avons tous lorsque nous arrêtons deux secondes de jouer la comédie dramatique. Cette certitude silencieuse et intérieure qui sait ce qui doit être réalisé si l'être souhaite concrétiser davantage son initiation.

La lucidité qui doit allier la froideur du constat et la chaleur de la gratitude qui sait ; l'acte entre les deux, définitif, comme le Voyage qui attend le pèlerin...

le Capricorne

  

Saison : Hiver
Secteurs : Nocturne / Oriental
Croix : Cardinale
Élément : Terre
Planète maîtresse : Saturne
Maison X - Axe IV/X



Le symbole du signe du Capricorne est double : cornes de chèvre et queue de poisson ! Lorsqu'on le trace, c'est la même dynamique que lorsqu'on écrit la lettre z en cursive : d'abord un "r" (rocailleux) puis la boucle du "j" (juteux).

La lettre z est désormais la dernière de notre alphabet latin, elle termine la boucle et fait le lien avec la première lettre. Mais ce ne fut pas toujours le cas, elle était auparavant la 7ème lettre des alphabets Hébreu (Zayin) et Grec (Zêta). 

Or Zayin est la lettre qui informe en descente la Séphirah Gebourah dans le système que nous développons dans cette Grange...  Etrange jeu de miroirs avec la lettre Âyin qui informe cette Séphirah en montée cette fois, et à laquelle le signe du Capricorne est lié. Mais ce n'est pas tout ! le Z est symbole de la Foudre (le fameux éclair que tient Zeus...) que nous retrouvons dans la Maison Dieu, la lame du Tarot associée au Capricorne !

Ceci dit, revenons à l'aspect "rocailleux" du Capricorne pour commencer, ce signe qui initie l'Hiver lors du solstice correspondant. Car c'est bien cet aspect, sûrement soutenu par sa planète maîtresse Saturne et l'élément Terre, qui est souvent souligné avec ce signe.

Et puis, disons-le tout de suite, de son aspect montagneux... Le Capricorne vise le sommet de la Montagne et ce signe présente les qualités qui lui permet de ne pas seulement en rêver, mais de sérieusement l'envisager. 

Endurance, autodiscipline, indépendance, patience, prudence, perfectionnisme, économie, frugalité, limite ascète, responsabilité, structure, force intérieure, goût de l'effort, caractère déterminé, ambitieux, raisonnable, pratique...

Bon, de quoi ascensionner une Montagne quoi ! de quoi peut-être continuer l'ascension surtout... tandis qu'avec le XVème Arcane, le pèlerin avait déjà atteint Tiphereth.

Le Capricorne vise rien de moins que la Réalisation spirituelle, de devenir le Fruit contenu en essence dans la Graine que nous sommes tous, après avoir fleuri au centre de la Croix. "Que le Christ soit formé en vous", voilà ce à quoi nous fait aspirer ce signe, sans détour.

Voilà voilà... et puis il y a cette queue de poisson. Du Roi du Monde, aux crustacés.

Le pèlerin alpiniste a ascensionné, aussi haut qu'il l'a pu en tout cas, il a "vu", il a été illuminé (par la Foudre ?) mais attention, rien à voir avec l'illuminisme (pas vraiment le genre d'la bête !) et maintenant, fruit juteux (telle une grenade ?) il va s'agir de redescendre en fond de vallée.

Dans l'idée, il s'agit de partager les fruits de sa quête personnelle, en tâchant de les universaliser. C'est la fameuse loi d'Amra, qui fait partie intégrante du chemin.

Mais il va également s'agir je pense, de confronter ces fruits aux contingences matérielles desquelles le héros s'était momentanément et plus ou moins partiellement libéré en haut de sa montagne (youhou je vole !) 

Plus précisément, est-ce que je n'aurais pas oublié deux ou trois trucs en bas de la montagne ? Est-ce que j'ai enfin compris le sens de la limite ? celle de l'artère pour le sang par exemple ?

Est-ce que j'accepte les variations ? du haut du Mont Blanc à la machine à laver d'un rouleau bien marin ? Est-ce que j'arrive à tomber sans me faire mal (coucou Âyin en bas de la Maison Dieu !) ? Est-ce que j'en comprends le sens ?

Est-ce que je nage aussi bien que je grimpe autrement dit ? Peut-on faire les deux en même temps ?

Que signifie vraiment : la Passion du Christ ?

la Maison Dieu


Ce qui frappe tout de suite avec cette Lame, c'est l'effondrement, la chute, la douleur, la mort. 

L'interprétation classique consiste d'ailleurs avant tout à y voir la vanité de l'Homme foudroyée par... par qui d'ailleurs ? Un barbu sur son nuage ?

La vanité de l'Homme oui, mais il s'agira d'approfondir ce point en y enlevant toute trace de morale et de culpabilisation.

Ce qui est foudroyé aussi, ce sont toutes nos constructions, principalement mentales... La carte n'est jamais le territoire.

Remarquons cependant que le sort des deux personnages n'est pas identique... L'un (celui en forme d'Âyin...) garde sa couronne et semble juste tomber sans se faire si mal que ça. L'autre en revanche est à terre, et ne s'en relèvera pas.

Nous voyons donc que deux sens bien différents semblent être proposés par la Maison Dieu : soit l'on est "remis au sol" vertement, et c'est reparti pour un(e) tour, soit il s'agit de repartir du sol certes, mais peut-être bien le sol d'une nouvelle terre... d'un nouveau champ de conscience.

Et en réalité, les deux sens sont positifs, voire se superposent... car avec cette tour (qu'elle soit d'ivoire, de Babel ou autre) il s'agit en fait du symbole de toutes nos constructions, de toutes les matérialisations de nos intentions, qu'elles soient conscientes ou non. 

Et tout est impermanent, bienheureusement, rien ne doit rester figé... c'est donc, quel que soit à quel niveau du sens sommes-nous ici, une pluie de bénédictions qui tombe, lorsque de figé, il nous est permis de continuer à être spiré par l'Esprit...

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Second point, la Maison Dieu et le Diable sont très liés... et avec le 15ème Arcane, nous avons vu que nous sommes enjoint à faire Face à qui nous sommes, avec totale honnêteté...

Faire face à notre ombre pour accomplir la lumière qui s'y trouve.. une fois retournée.

Que cela se fait dans le Cœur, dans l'humilité vraie (celle qui n'abaisse pas) et avec douceur finalement.

Or si sur cette Lame, c'est la couronne qui est frappée - entendre le mental - c'est bien pour que le cœur s'ouvre !

Autre idée, avec le Diable nous sommes en présence de l'usage du libre-arbitre. Avec l'idée aussi, de s'incarner le plus possible. D'expérimenter, d'oser, de rêver.

D'avoir la chance d'être foudroyé, fol !

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Troisième point, si Âyin informe Gébourah dans le système que nous développons dans cette grange, c'était également le cas (en descente) de la Lettre Zayin.

Dans les deux cas, il nous est donné quelques informations sur la constitution du Corps humain...

Ici, elle est de même, en 4 parties.

1er niveau : la porte, l'abdomen, le corps ; c'est ici que nous sommes percutés par la Vie.

2ème niveau : les deux fenêtres, le thorax, l'âme ; lumière noire et lumière blanche.

3ème niveau : l'unique fenêtre, le front, l'esprit ; 2 dans le 1 1 dans le 2.

4ème niveau : la couronne, la fêlure du crâne par laquelle peut entrer la Lumière. Tu sais, celle qui te foudroie au moment où tu t'y attendais le moins.

Et c'est l'Epiphanie, bienvenu sur Terre corniaud.

Âyin


Lettre simple
Valeur numérique : 70
Valeur pleine : 130
Sens : lucidité
Signe : le Capricorne
Séphirah : Gebourah




Âyin provient de l'hiéroglyphe égyptien dessinant un œil. Il signifie également "source". Sa valeur est la valeur du mot SoD, le "secret".

Cette Lettre est composée d'un Vav (l'Homme) qui regarde à travers un Zayin (l'Epée) ; autrement dit, il s'agit d'un être qui trans-perce du "regard" le voile des apparences...tel Perceval ?

Pour ce faire, et comme en écho, l'être doit auparavant traverser et se défaire des différentes couches de son conditionnement, de sa prison mentale... jusqu'à arriver au centre de son être.


La qualité de notre vision dépend ainsi de celle du champ de conscience auquel nous sommes nés...

Car "nous ne voyons jamais les choses telles qu'elles sont, nous les voyons telles que nous sommes" nous rappelle Anaïs Nin.

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La vision est toujours liée à la lumière, et si la science nous dit que l'œil la capte, la tradition nous dit aussi qu'elle l'émet - lumière de l'âme.

Lumière se dit AOR en hébreu, ce qui est l'homonyme de ÂOR, la peau. La prononciation change subtilement, entre Aleph et Âyin... (entre 1 et 70...) comme pour nous signifier toutes les circoncisions de "peaux" que notre regard doit effectuer pour voir sans plus de voile ce qui est devant soi...

"How many rivers do we have to cross, before to talk to the Boss" chantait également Bob Marley. Or le Père, AB en hébreu, est là aussi homonyme de ÂB, le nuage. Le sens est le même qu'entre AOR et ÂOR, il s'agit toujours d'un "dé-voilement" progressif, jusqu'à pouvoir regarder le Soleil droit dans les yeux, sans se brûler la rétine !

Âyin, c'est enfin la lettre qui fait toute la différence entre la "connaissance" -DÂAt- et la "Loi" -DAT- Entre le fait de suivre la Loi ou d'en vivre l'esprit... d'en "perce-voir" l'esprit, peut-être au travers des "70 niveaux de lecture" du texte sacré..?

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Voir, très concrètement, c'est aussi entrer en dialogue avec "ce qui est devant soi, comme un enseignement" nous disait Juan Matus (ou C. G. Jung). Il s'agit ici d'utiliser les deux hémisphères de son cerveau, de relier "par le sens" ce qui n'est pas forcément relier par la cause.

C'est acquérir la "double-vision", celle qui va vers l'extérieur et vers l'intérieur en même temps... C'est regarder les événements, dans le présent ou dans le déroulé du temps, comme une interface avec soi-même.

C'est entrer en contact avec son "maître intérieur" (avec sa source...) qui s'exprime de manière multi-dimensionnelle à l'extérieur de soi, pour entrer en dialogue avec "moi".

Cela peut passer par une phrase entendue par hasard dans la bouche de deux passants, par la couleur d'un vêtement, par la symbolique de tel ou tel événement par rapport à ce qui est vécu parallèlement et intérieurement, etc. 

Et ce travail s'auto-alimente en quelque sorte, car plus le dialogue s'enrichit, plus les voiles tombent et l'a-mitié se crée jusqu'à la communion entre le moi et le soi...

le Soutien


Le soutien est le concept associé au XVème Arcane... mais de quel soutien est-il question ici ?

Pour le qabaliste, l'alchimiste, l'astrosophe -autrement dit pour le harodim- le soutien en question est la Tradition elle-même.

Encore faudrait-il s'entendre sur ce qu'est la Tradition... il ne s'agit pas ici d'un ensemble de savoirs et de coutumes, qu'il s'agirait à chaque génération d'imiter ni même de conserver. Que ces savoirs et coutumes soient dits ou non "ésotériques", ce qui n'est d'ailleurs jamais le cas (ou alors, cela serait ne pas comprendre ce qu'est réellement l'ésotérisme).

A tout le mieux, cet ensemble de symboles, organisé sur cet Arbre, constitue un mésotérisme qui, s'il est vécu et conscientisé, peut devenir une porte d'entrée à l'ésotérisme.

La Tradition en question donc, est gnostique. Elle suppose d'en faire l'expérience, non pas supposée, mais vérifiée dans le réel ; et le réel, c'est quand on se cogne, disait un certain Lacan.

C'est, comme nous le disions en introduction de cette Grange, toute la différence entre savoir et connaissance. Rappelons au passage, à nos quelques lecteurs triés sur le volet ! (de je ne sais quelle cabane dans les bois) que cette Grange se veut être l'approfondissement de la géniale intuition de Jean Haab, dans son livre Gnose

Celle de placer les 22 Lettres hébraïques, non pas sur les 22 Sentiers de l'Arbre séphirothique (comme la sainte logique l'aurait voulu, rip) mais sur les 11 Séphiroth eux-mêmes, en "descente" et en "montée".

Chaque Lettre hébraïque étant associée à un arcane majeur du Tarot, à un signe ou une planète astrologique, ainsi qu'à un concept, nous nous retrouvons donc avec 22 "familles symboliques", que j'appelle pour ma part, Arcanes.

A cela, j'ajoute enfin un placement non académique des 10 Planètes sur l'Arbre, en lien avec l'astrologie naturelle et son système de trois triades de Planètes, qui m'a semblé faire fortement écho aux trois triades de l'Arbre séphirothique.


Ceci dit, encore une fois, tout cela n'a de sens que si cette représentation est vécue, telle une Carte -pour une chasse au Trésor- dirions-nous. 

L'Arbre séphirothique n'étant rien d'autre que le Corps humain, c'est pratique, nous la trimbalons tout le temps avec nous !

Si tant est que nous habitions ce corps cependant... si tant est qu'il y ait un pilote dans l'avion, oserions-nous.

Et c'est là tout le sens, pensons-nous, du XVème Arcane. Celui d'être dans la Présence -c'est-à-dire dans le présent, en conscience.

Et d'y faire face ! de tout notre Cœur !

En toute simplicité.. mais est-ce si facile..?

Et pourtant, ainsi s'enclenche un Dialogue avec l'Esprit (avec Soi ?) qui ne présuppose de notre part, que de nettoyer notre lien de communication avec Lui. Et ce dialogue, s'il se poursuit (mais cela demande de perdre quelque peu, le sentiment d'être si important) pourrait même devenir une Amitié avec le temps. Jusqu'à finir par devenir, à terme, une Communion, mais chaque chose en son temps !

Tout ce processus entraîne une trans-formation, qui notons-le, ne consiste qu'en un redéploiement de l'être, et non son remplacement, par nous ne savons quelle chimère !

Un autre regard, un autre Sentiment, une autre pensée... un nouvel assemblage opéré par notre conscience autrement dit.

Ce changement de direction est donc avant tout intérieur, pour celui qui devient progressivement le capitaine de son âme... 

Et sur quoi vogue alors cette âme ? sur un chemin qui a du cœur, à bon entendeur.

le Sagittaire


  Saison : Automne
  Secteurs : Nocturne / Occidental
  Croix : Mutable
  Élément : Feu
  Planète maîtresse : Jupiter
  Maison IX - Axe III/IX




Le Sagittaire, en tant que centaure tirant à l'arc, est également un arbre à trois étages (cf. Samech).


Le cheval est l'animal qui possède symboliquement les énergies les plus archaïques, les plus primitives de l'Homme, celles qui contiennent en germe toute la force de croissance de son arbre mais qui, investies tout entières dans les limites animales, laissent l'Homme identifié à l'animal, son compagnon du "6ème Jour".

Dans l'Arbre séphirothique, il s'agit de la Triade inférieure, de nos "ténèbres psychosomatiques" ; ce sont tous nos conditionnements, innés ou acquis par l'éducation. Tout ce qui nous fait réagir finalement, malgré nous, lorsque la force de vie nous percute.

Il s'agit dans la symbolique du Sagittaire, de se positionner au niveau du cavalier (c'est-à-dire dans l'Arbre, au niveau de la Triade centrale dont Tipheret est le centre). C'est la même symbolique que nous rencontrons avec Hercule lorsqu'il lutte avec l'Hydre. C'est finalement en la soulevant de terre qu'il vainc.

Que signifie se positionner dans la Triade centrale ? Cette triade, avec ses 3 Planètes : Saturne, Jupiter et Mars, est lié au Temps... 

Or la Triade inférieure est lié au Passé, elle est fondamentalement : réaction.

La Triade supérieure, l'arc visant le haut (l'à-venir), est fondamentalement : projection.

Et ces deux Triades se répondent l'une et l'autre, puisque nous projetons principalement en lien avec notre passé...

La Triade intermédiaire, le cavalier, se situe quant à lui dans le présent. Ce présent auquel nous avons tant de mal à faire face... (cf. le Diable) Le présent d'où peut jaillir "l'acte spontané" (cf. Mars

Dans l'idéal, les trois niveaux ont à être vécus ensemble. Le cheval est l'assise de l'Homme, qui va s'efforcer de s'y appuyer en vivant pleinement sa relation à la terre pour étayer son évolution. L'arc constitue notre force de concentration, d'intention... Le cavalier lui vise la conscience, la Présence...

Et c'est bien tout le problème du Sagittaire, concentré comme il est sur ce qu'il vise plutôt que sur le présent, oubliant le sol qui défile sous ses sabots, jusqu'à ce qu'il se les emmêle et chute lourdement !

Ou encore idéalisant un abstrait qui ne s'est pas encore incarné, mais bien rattrapé par le concret de l'incarnation, et cela quotidiennement...

Le cavalier, l'intention, le cheval... nous pourrions dire qu'il s'agit de les rendre un. Sachant que le cheval sera toujours le plus fort... que la flèche vise seulement une direction parmi d'autres... mais que l'Expérience se joue maintenant, à cavaler !

Etrangement, l'on se rend alors compte que passé, présent et futur ne forment qu'une seule expérience, qui a lieu ici et maintenant. Le Sagittaire nous donne une sacrée clef, au centre de l'Arbre. Il nous exhorte à faire face ! à investir le centre, à trouver l'assiette qui ne fait que suivre le mouvement... à être aussi concentré que fluide... et finalement...

... à être hors-du-temps, à stopper-le-monde.

le Diable


Placée au centre de l'Arbre, le Diable nous enjoint sans détour à nous faire face... à faire face à notre Ombre notamment, à notre "non-accompli" pour reprendre une terminologie kabbalo-chrétienne, à ce qui nous meut réellement pour faire court (Tipehreth surplombe la Triade inférieure de l'Arbre). 

Cette Ombre, il s'agit donc d'y faire face plutôt que de la refouler dans notre inconscient, d'où elle va agir à notre insu via notre subconscient. Ce sont notre dialogue intérieur, nos pulsions, tout ce qui tourne en boucle en fait, d'une manière ou d'une autre, et qui fixe notre attention. 

C'est le piège de la Lettre Sameck, dont la graphie évoque l'enfermement, le cercle sans fin.

Cependant, chaque cercle a vocation à s'ouvrir afin de libérer la Lumière qui y était enfermée... Ce processus alchimique est ce qui ponctue l'individuation de l'être et il l'amène à unifier son moi.

Cette individuation passe par une phase qui nous fait passer en quelque sorte de l'enfance à l'âge Adulte, dans le sens où il ne s'agit plus de se laisser aller à tous nos "je veux " et autres pulsions égotiques, mais d'y faire face, d'en extraire la racine, d'en comprendre la force, puis enfin de la retourner.

Pour autant, et c'est là tout le paradoxe propre au Diable ce coquin, cela passe inversement par quitter l'âge "adulte" (dans son aspect moralisateur/limitateur sclérosant cette fois) pour retourner cette fois en enfance (salut Peter !) cet Enfant qui OSE et qui EXPERIMENTE (coucou Mars !)

La maîtrise en question ici, repose il nous semble sur l'expérience et sur le fait de l'assumer, d'en retirer un enseignement, plutôt que sur la contrainte morale que l'on s'imposerait "de l'extérieur" pour essayer de se contenir. Sauf que la seule chose qui est contenue dans l'affaire, c'est notre Lumière.

Assumer l'expérience, en en faisant le bilan énergétique d'une certaine manière (le Diable est épaulé par Hessed et Gébourah, le réservoir d'essence et le carburateur de l'Arbre). Autrement dit, il nous est demandé ici de devenir responsable mais aussi libre de tous les dogmes en la Matière !!!

Le Diable, qui unit tout et son contraire au centre de l'Arbre, transcende les notions de bien et de mal, assume la part matérielle du Monde et de l'être. Il passe l'Epreuve (Heith) en osant expérimenter, en osant exprimer tout ce qui l'habite. Il comprend que le Diable n'est que notre miroir refoulé... que sa puissance destructrice n'est induite proportionnellement que par l'intensité de nos peurs...

Il est le Gardien du Temple, la Mesure qui en entrouvre progressivement la Porte (au fur et à mesure de nos "actes de bravoure") pour que nous ne nous brûlions pas directement, face à l'Infini.

Il est aussi le Dragon donc, qui dort sur son trésor... car chaque "noirceur" (ce qui n'est pas accompli) recèle une force inexploitée pour l'être qui n'esquive pas l'épreuve et tout ce qu'elle raconte sur soi (souvent assez désagréablement il est vrai hihihihi)

 Mais quelle force apporte le dépouillement de notre vanité !