le Désir


Rappelons que nous nous situons ici, avec le concept du Désir rattachée au 12ème Arcane, au niveau de la Séphirah Yesod. C'est-à-dire à la charnière de l'Arbre, à la porte des "enfers" aussi bien qu'à celle ouvrant à l'assomption de l'être. 

L'étymologie du mot désir n'est pas facile à déterminer car selon que l'on retienne sidéris ou sidus (relatif au terme "sidéral"), elle renvoie à deux significations contradictoires... Dans le premier cas, c'est l'expression classique du manque (d'un "astre"), souvent douloureux, que l'on va chercher à combler. Dans le second cas, il s'agit au contraire de cesser de contempler l’astre, se détourner de lui et en quelque sorte l'oublier. Le désir renvoie dès lors à l’abandon de l'étoile, à l’interruption de la fascination qu’elle exerçait sur nous.

En tout cas, le bouddhisme est sans appel quant à la nature du désir ; elle est la principale cause de la souffrance. Renoncer au désir, c'est la voie rapide vers la délivrance. Pour nombre de philosophies, les désirs rivent à la matière, d'autant plus certainement qu'un désir en appelle toujours un autre, une fois comblé. 

Pour don Juan Matus, ne plus désirer est l'accomplissement suprême du Guerrier (en précisant que cela n'empêche pas d'aimer...)

Mais peut-on cesser, en tant qu'être incarné, d'avoir soif ? Et lorsque le manque s'en fait sentir, tenter de le combler ? Désirer, n'est-ce pas le propre d'être vivant ?

S'agit-il par ailleurs de forcer le renoncement ? Ou comme l'étymologie du terme nous l'indique, interrompre la fascination que l'objet du désir exerce sur soi ?

Comme toujours, rien n'est de toute façon binaire. Désirer ou ne pas désirer ne nous semble pas être la question. La question de l'énergie vitale nous semble être plus centrale dans ce débat, et Yesod en est justement le réservoir.

Lorsqu'on regarde la situation mondiale actuelle, il est difficile de ne pas percevoir vers quoi nous mène un système socio-économique basé sur le manque (ou plutôt la création artificielle du manque). Dans ce cas, c'est la planète elle-même qui se vide de ses ressources et nous commençons à peine à en vivre les conséquences. 

A un niveau individuel, il est également aisé de percevoir la débauche d'énergie que peuvent provoquer certains de nos désirs, d'autant plus lorsque le manque tarde à être comblé et que cela tourne à l'obsession. 

Cependant, désirer est-il systématiquement cause de perte d'énergie ? Si je désire manger et que j'ai la chance de pouvoir rapidement manger, ce désir m'aura-t-il fait perdre de le l'énergie. Voir, selon ce qui est mangé, cela ne m'en fait-il gagner ?

A ce niveau de l'Arbre, il est en tout cas question d'énergie, celle que nous gaspillons en la répandant horizontalement, ou celle que nous accumulons en vue d'une montée de sève. Et nous ne pensons pas qu'il y ait de règles dans ce processus ("la vérité est un pays sans chemin") mais plutôt une vigilance à acquérir dans la manière dont nous gérons notre énergie. 

La morale n'a rien à voir là-dedans, il n'y a pas de "bons" ou de "mauvais" désirs, et rien d'immuable non plus. Si l'on est vigilant au cours de notre quotidien, une partie de soi sait très bien ce qui nous fait fuir à plus ou moins gros débit... et cela n'a pas grand chose à voir avec la soi-disante diabolique matière, bien au contraire ! 

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