o, a, é, i, ou

Rappelons que Aleph, comme première lettre de l'alephbeith hébreu, ne correspond pas à notre "a" latin. En effet, comme toutes les 22 lettres de cet alphabet, il s'agit d'une consonne à laquelle il s'agit d'ajouter une voyelle pour être prononcée.

Une voyelle, "tenouah" en hébreu, signifie littéralement "mouvement", "circulation", et cela est juste car ce sont les voyelles (non écrites) qui mettent les mots en mouvement en hébreu. Au contraire, l'encre ne bougera pas. Nous allons voir qu'il s'agit ici de toute la différence ente "la lettre, et l'esprit".

Dans un texte en hébreu ancien, seules les consonnes sont écrites. Prenons comme exemple le mot BR (Beith-Resh), imprononçable sans les voyelles. Prononcé BaR, il signifiera "fils", mais prononcé BoR, il signifiera "pureté"... et il s'agit d'un mot de seulement deux lettres !

Imaginons donc la multitude de sens que peut avoir une seule phrase écrite en hébreu ancien sans les voyelles... Bien sûr le contexte limite ce nombre d'interprétation, mais il peut rester conséquent ! C'est d'ailleurs pourquoi les religieux juifs ont décidé à un moment donné d'inscrire les voyelles dans l'Ancien Testament, afin qu'une seule lecture possible en soit faite...Logique bien sûr, mais tout à fait à l'encontre de l'esprit de la Qabale en revanche !

Prenons encore le premier mot de la Genèse : BRSHT. Il a été fixé comme devant se prononcer BéRéSHiT, soit "au commencement". Mais il pourrait aussi bien se prononcer BaRaSHeT, soit "Il créa 6". Les 6 premiers Jours du premier chapitre de la Genèse ? Les 6 directions d'un espace tridimensionnel ? Dans ce dernier cas, "Au commencement Dieu créa..." pourrait aussi se lire "Dieu créa un espace tridimensionnel..."

Mais revenons à notre Aleph ! Etant une consonne silencieuse, il lui faut une voyelle pour être prononcée. Elles sont au nombre de 5 : o, a, é, i, ou. Elles sont symbolisées par des "points-voyelles" (neqoudoth) au-dessus et en-dessous de la lettre.

     o
     a
     é
      i
          ou
Voilà comment il est possible de faire une lecture unique d'un texte biblique par exemple.

Au-delà de ces aspects techniques, il est intéressant de comprendre la symbolique derrière ce système. Pour un qabaliste, il y a la trame et la manière de faire danser les fils sur celle-ci. A chaque fois, une nouvelle création peut potentiellement apparaître à son esprit, selon son degré de conscience du moment.

En élargissant, c'est toute la subtilité de la spiritualité qui est en jeu... Un même événement, une même parole, ou quoi que ce soit (la trame) peut prendre une multitude de sens selon le degré de conscience du sujet. On peut "entendre" différemment toute chose... 

C'est le côté indéterminé de la Vie, qui est principalement mouvement, jamais figée ! Cela concerne également l'être... Or combien de fois figeons-nous les choses ! pensant ainsi vivre dans un univers répétitif, fixé une fois pour toute, avec pour effet miroir tous nos automatismes ! 

Aleph, c'est l'indéterminé, offrant ainsi la liberté sans cesse renouvelée d'être et de percevoir...

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