la Mort


Si la mort a si mauvaise presse, c'est qu'elle est une grande incomprise... Elle est le plus souvent associée à la fin de la vie, à son absence, alors qu'elle est le principe même de la Vie ! C'est-à-dire le principe de transformation, de changement, d'évolution.

A l'inverse donc (coucou mister Pendu), nous pourrions pourtant considérer qu'une chose qui ne meure pas, ne se transforme pas, quelque chose d'immortel autrement dit, est justement une chose morte, sans vie.

La Mort n'éteint rien, elle libère les énergies accablées sous le poids d'une matière de plus en plus inerte. Loin de tuer, elle revivifie en dissociant ce qui ne peut plus vivre. Sans son intervention, tout s'alanguirait, si bien que la vie ne se distinguerait plus, finalement, de l'image qu'on se fait de la mort !

C'est le principe même de la Séphira Malkut où "les formes naissent, croissent, se dégradent puis meurent". L'Homme inconscient tente pourtant à tout va de lutter contre le principe même de sa sphère d'existence ! Dans tous les domaines, c'est bien "l'immortalité" qui est visée.

De plus en plus coupé de sa/la Nature, l'Homme doit donc réapprendre à mourir... 

Dans un premier temps, à mourir aux multiples sollicitations de notre monde moderne qui tente désespérément de se voiler la face quant à la réalité implacable de la mort (notre seule certitude pourtant, une fois né).

Dans un second temps, à mourir à sa propre personnalité que l'Homme moderne brandit pourtant si fièrement comme une conquête, qui n'a pourtant rien de personnelle, puisqu'en grande majorité imposée par de multiples influences extérieures à lui-même.

Et sans laquelle il pense ne plus rien être, alors que c'est encore une fois tout l'inverse.

Précisons cependant que ces morts successives, sur la voie du Pèlerin, n'implique en aucun cas un ascétisme stérile. Rompre avec ses axiomes de pensée par exemple, n'induit pas ne plus penser. Rompre avec ses passions, ses idéaux, n'induit pas ne plus être passionné. Rompre avec ses "je veux", n'induit pas ne plus vouloir. Etc.

Il s'agit plutôt d'un redéploiement interne, associé à une dissociation émotionnelle et un abandon total quant aux résultats. Intégrer que rien n'est vrai en soi et en même temps que tout est vrai pour soi, à un moment donné ! C'est bien à la fluidité que tend celui qui chemine ainsi.

Et alors tout meure à point, pour mieux renaître autrement. La continuité étant celle de mourir !

Précisons cependant qu'il n'agit pas de "forcer" ces morts. Il ne s'agit pas nous pensons, de changer tous les quatre matins d'idéaux, d'axiomes de pensée, de structures quelles qu'elles soient en fait (travail, famille, patrie) sous prétexte de changer pour changer. Rien ne change ainsi au contraire il nous semble, tout se répète, et souvent plus douloureusement en plus.

Vivons plutôt pleinement au sein de nos structures, embrassons-les d'autant plus qu'elles nous démangent ! Alors la feuille tombera elle-même de l'arbre, comme la conséquence d'un processus interne qui n'aura pas fait fi de l'expérience...

A ce moment, la structure ne changera pas nécessairement, mais l'être, lui, aura muté, et la structure ne sera pas vécue de la même façon, si elle continue effectivement. Et sinon, de vraiment nouvelles structures s'ouvriront, pour mieux y mourir plus tard. 

Jusqu'à mourir une troisième et dernière fois, sur ce plan en tout cas !

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